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Les brèves critiques de la rentrée littéraire : David Le Breton, Natalie Clifford Barney, Xabi Molia, Peter Schjeldahl…

Cinq romans, des Mémoires, de la philosophie, deux essais d’anthropologie, un récit érotique, un guide, une étude littéraire… Voici les brèves critiques de onze ouvrages notables de la rentrée littéraire en cette trente-septième semaine de l’année.
Au moment de se lancer dans l’écriture d’un roman, Georges Simenon (1903-1989) confiait tout ignorer de son sujet. Pour le faire venir, il se laissait guider « par un certain climat, une certaine ligne musicale ». Stephen King, lui, a raconté qu’il ne pouvait travailler qu’après avoir écouté AC/DC ou Guns N’Roses à fond dans son casque. Comment écrire, de Pierre ­Assouline, ­richement documenté, fourmille d’anecdotes de ce genre. Construit à partir de ­témoignages des « meilleurs écrivains français et étrangers », il fait entrer le lecteur dans la ­fabrique des textes.
Comment écrire ? En restant surtout soi-même, conseillait Oscar Wilde, car « les autres sont déjà pris ». L’inspiration ? « Ne surtout pas la chercher, écrit l’auteur. Vieux mythe romantique du XIXe siècle. » Il serait plus sage d’écouter Philip Roth (1933-2018) : « Ton problème, c’est que tu ­penses trop à écrire. N’écris pas, tape ! » Si Pierre Assouline convient que son livre « ne vous rendra pas écrivain », il a le mérite d’éclairer tout ce qui préside à l’écriture d’un texte, et de nous faire ­devenir de bien meilleurs lecteurs. A. d. C.
« Comment écrire. Tous les conseils, techniques et secrets des meilleurs écrivains français et étranger », de Pierre Assouline, Albin Michel, 336 p., 24,90 €, numérique 17 €.
Il existe un parallélisme troublant entre le dernier amour de Marguerite Duras (1914-1996) et celui de « l’autre Marguerite », Yourcenar (1904-1987). Toutes deux, dans leurs ultimes années, ont vécu des passions avec des hommes plus jeunes qu’elles et homosexuels. Mais celle de Duras avec Yann Andréa est aussi célèbre et documentée que celle de Yourcenar avec Jerry Wilson est méconnue. Christophe Bigot s’est lancé le défi de raconter cette histoire avec ce roman qui s’approche aussi près que possible de ses personnages. Il remonte à leur rencontre, dans la retraite américaine de l’autrice, en 1978, un peu avant la mort de sa compagne depuis 1937, Grace Frick, et accompagne ce couple dans ses voyages et son quotidien (où l’on voit à l’œuvre les logiques de cour). Il le suit jusque dans les dernières années terribles, où Jerry tombe amoureux d’un homme qui l’entraîne dans la drogue et fait vivre des scènes humiliantes à l’académicienne, avant de mourir du sida. Face à la tombe de Yourcenar, une dalle à la mémoire de Wilson proclame, en grec : « Le calme, l’intelligent amour. » R. L.
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